== 1/01/2012 - Etape de classement Monaco-Valence : toujours du grand Monte Carlo !

Pour les 258 rescapés prêts à s'élancer du Port de Monaco ce mercredi matin, la journée s'annonce à l'égal de la veille. Certes sans chute de neige annoncée, mais avec des routes bien enneigées, un petit vent de nature à créer quelques congères et un compteur remis à zéro puisque le classement de la ZR de la veille a été annulé.
Il y a quatre ZR à accomplir, et plusieurs cols à passer, dont le col de Bleine dans les Alpes-Maritimes (ZR2), les cols de la Foureyssasse et d'Espreaux dans les Hautes-Alpes (ZR3), le col de Menée en Isère (ZR4) et les cols de Carri, de l'Echarasson et de Gaudissart dans la Drôme (ZR5). Soit exactement 528,88 km à accomplir en 11h05. Si les premiers partent de bon matin à 06h30 du bord de la Méditerrannée, les derniers ne verront le parc fermé de Valence qu'à la nuit tombée vers 23h00. Le courage est donc de mise.
Et il en faudra du courage. Car avec un -19° dans le col de Bleine avec de vrais murs de neige, de la glace vive dans le col d'Espreaux et un brouillard très dense dans l'Echarasson, les concurrents vont à nouveau vivre une belle (mais difficile) journée de rallye.

[ Au Mas, les concurrents dans l'attente de s'élancer pour l'ascension du Col de Bleine. Photo SPG Rally. ]

Le concurrent #299, Steve Graham, parti de Glasgow avec une Lancia Fulvia 1300, résume la journée : "De Monaco à Valence aujourd'hui, ce fut col après col. Neige et glace ont été à l'ordre du jour avec des taches de brouillard sur la dernière zone de régularité de la journée. Beaucoup de voitures ont échoué pour rejoindre Monte-Carlo hier, mais il y en a beaucoup aujourd'hui qui ont subi des dégâts ou des dommages accident."
Ils étaient 258 à 06h30 du matin, ils ne sont effectivement plus que 237 puisque 21 renoncent. Dont l'Espagnol Victor Sagi, copiloté par son fils sur une Porsche 911 S, qui abdique dans la ZR5 sur panne d'embrayage. Souvent bien placé dans le Monte-Carlo historique, l'Espagnol n'est cette année pas au top : il n'a jamais fait mieux que 124e et c'est donc par la petite porte qu'il quitte le rallye. Ce n'est d'ailleurs pas, au terme de cette première journée, l'année des Espagnols. Certes, Juan Luis Alvarez et Jaime Falguera (Porsche 911) ont terminé quatrièmes dans la seconde ZR "le Mas - Les 4 Chemins", mais une pénalité de 10.000 points les a relégués en fond de classement. Caledonio Foncueva Berros (Ford Fiesta) a lui terminé 9e de la ZR3 "Châteauneuf d'Oze - Sigoyer", mais une ZR2 passable l'a déjà renvoyé au delà de la 50e place au général. Et s'il pointe en fin d'étape à Valence au 26e rang (et premier des Espagnols), ce n'est que parce que beaucoup devant ont fauté. Dont les équipages espagnols Diaz-Aboitiz/Oyarbide Apalategui (Renault 5 Alpine) et Iglesiaz-Martinez/Rodriguez Garcia (Ford Fiesta) qui ont renoncé au terme de la première ZR de la matinée.

Du brouillard et de la neige : le col de l'Echarasson (ZR 5) n'a pas failli à sa légende (vidéo prise par un amateur) :

Pour parler classements, dans la ZR2, c'est le vainqueur de la veille, l'Autrichien Johannes Huber (Porsche 911 Carrera RS) qui termine second à 74 points du vainqueur 2011, l'Italien Mario Sala (Porsche 911). Le froid n'a pas rebuté les Porsche puisque l'on retrouve la Porsche 911 de l'Espagnol Juan Luis Alvarez Gracia en 4e place et la Porsche 356C du Français Georges-Henri Meylan en 7e position. Avec sa Mercedes 300 SE, l'Allemand Ernst Jüntgen, vainqueur en 2008, est 6e.
Pour une erreur de pointage, l'Italien Massimo Mascagni (Lancia Fulvia 1.3S) est relégué à la 36e place du général alors que son temps dans la ZR le plaçait en 12e position. Même sanction pour l'Italien Roberto Gorni (Ford Escort Mexico 1972) qui termine 12e au terme de la ZR mais qui écope de 5000 points de pénalité, ce qui le rétrograde en 158e position. Les erreurs de copilotage se payent comptant dans ce rallye !
La Fiat 131 Abarth de John Hughes et Emanuele Baldaccini a dû renoncer. L'unique 131 Abarth au départ, ex-groupe 4 du Jolly Club, a été contrainte à l'abandon suite à un souci de pression d'huile. Elle n'a donc pas pris le départ pour la ZR2.
Autre auto partie de Turin est absente dès le départ pour la ZR2, la Lancia Fulvia HF avec Sandro Munari au volant. Alors que Giani Romano devait copiloter le vainqueur du Monte Carlo 72, ce dernier est volontairement parti sans copilote en hommage à Mario Manucci, son copilote récemment décédé sur cette voiture que Lancia avait exceptionnellement autorisé à sortir du musée : l'auto est exactement dans l'état où elle était à l'arrivée sur le podium du Monte-Carlo 1972.

[ Vous vouliez de la neige ? Eh bien en voilà ! Ici au départ de la ZR2. Photo Team Berve. ]

Dans la ZR3, enneigé et glacée, on prend les mêmes et on recommence. Sous entendu "les mêmes", ceux qui ont déjà plusieurs épreuves à leur compteur. Le vainqueur 2010, le Belge José Lareppe (Opel Kadett GTE) signe presque le temps parfait avec 31 points de pénalité seulement, devant Jean-Pierre Coppola (Alpine-Renault A310) et l'Italien Eugenio Rossi (Lancia Flavia Coupé). Si dans la ZR2, ils étaient 38 en 500 points, cette fois ils sont 65 dans la même fourchette. La glace vive n'a visiblement pas perturbé les concurrents. Sauf évidemment ceux qui ont tâté du fossé.
Au général, Jean-Pierre Coppola devance maintenant Raffaello Raimondo (Innocenti Mini Cooper), Mario Sala, José Lareppe et Johannes Huber, les cinq groupés en moins de 600 points.
Après la trop rapide disparition de la Lancia de Sandro Munari, de la Fiat 131 Abarth de John Hughes et de l'Allard P1 de John Loveys, c'est maintenant la Mercedes 190 SL de Karl Piehl et Axel Weinand qui renonce après une chute impressionnante dans un cours d'eau sur le routier après la ZR3.

Pour la ZR4, que les derniers attaqueront à la nuit tombée, Mario Sala devance Monty Karlan (le vainqueur 2004), l'allemand Manfred Schürmann (Volvo 121), le Monégasque Roberto Paradiso (Alfa Roméo 2000) et le surprenant Norvégien Knut Hallan au volant d'une des plus anciennes autos du plateau, l'Austin Healey 3000 de 1959.
Par contre, tenir la bonne cadence a visiblement été très compliqué dans l'ascencion du col de Menée et ensuite dans la descente, très technique, vers les Nonnières. Pas un seul pilote n'est en dessous des 500 points puisque Mario Sala devance tout le monde avec "seulement" 510 points. Les écarts sont cette fois énormes puisque Gian Maria Aghem, vainqueur en2005 comme pilote et en 2002 comme coéquipier (Lancia Fulvia HF 1600) est 8e à 299 points, juste derrière Ernst Jüntgen (Mercedes 300 SE) à 265 pts de la Porsche de tête.
Avec de tels écarts, le classement général commence à prendre forme : Mario Sala (1008 points) devance Jean-Pierre Coppola (à 159 pts), José Lareppe (à 260 pts), Manfred Schürmann (à 348 pts), Raffaello Raimondo (à 392 pts) et le Danois Lars Baekkelund (Fiat 128 Coupé) à 475 pts.

Dans la ZR5 La Cime du Mas - Col de Gaudissant, que la moitié des concurrents vont parcourir de nuit, ils sont 13 à être en dessous de la minute par rapport au temps idéal. Ceux qui ont de l'expérience sont encore devant puisque l'on retrouve 4 vainqueurs dans les 8 premiers, dont Ernst Jüntgen (Mercedes-Benz 300 SE) qui est 4ème (265 pts), Mario Sala (Porsche 911), 7e (321 pts) et Monty Karlan (Porsche 911SC), 8e (381 pts).
En terminant second derrière Jean-Pierre Coppola (Alpine Renault A310) (88 pts), le Belge José Lareppe (Opel Kadett GTE) reste 3e au général, derrière Jean-Pierre Coppola et Mario Sala. Auteur du troisième meilleur score dans la ZR5 avec 166 points, le Monégasque Raffaelo Raimondo (Innocenti Cooper) est dorénavant 4e au général.
Alors qu'il aurait pu être dans le top 20, l'Allemand Michel Firmenich (Triumph Dolomite Sprint) n'est que 35e du fait de 1400 points de pénalité. Roberto Gorni, qui avait chuté en 158e avec sa pénalité après la ZR2, est remonté en 77e position, mais sans cette énorme erreur, il aurait pu prétendre à la 29e place au général.

[ Il y a la neige, la glace, le brouillard et la nuit. Il y a aussi les moutons ! Ici devant le capot d'une Jaguar type E. Photo Karline Stala. ]

Dans ce Monte-Carlo très enneigé, la partie semblait plus facile pour les petites autos, telles les Renault 5 Alpine (au nombre de cinq, dont trois au départ de Reims), les agiles VW Golf GTI, les minuscules Fiat 500 ou Steyr-Puch. Qui plus est quand elles sont conduites par des habitués de l'épreuve. Aussi voir au départ une Jaguar Type E, pilotée par une débutante dans l'épreuve, et toujours en course au terme du premier tiers du rallye, cela mérite un coup de chapeau.
Karline Starla est une Lituanienne de bientôt 26 ans, que l'on a vu en Formula Renault 1.6 en Belgique, en kart ou au volant d'une Radical aux Pays-Bas, enfin bien loin des sommets enneigés alpestres. Elle fait équipe avec le Néerlandais Henk Thuis, lui aussi néophyte de l'épreuve.Tous deux sont partis de Turin au volant d'un splendide Jaguar Type E de 1968, engagée, avec deux autres Type E identiques de 1970 par le team Russo Baltic Racing. Sur la #174, les deux Russes Leonid Golovanov et Nikolay Mamiof découvrent aussi l'épreuve. Tandis que sur la #161, le Russe Ilya Kashin fait équipage avec le Lituanien Raimonds Strokšs. Nouveau venu sur cette épreuve de régularité, Ilya Kashin est déjà habitué au rallye dans son pays.
Au soir de l'étape Monaco-Valence, les 3 graciles autos britanniques sont toujours en course. Qui plus avec un classement loin d'être mauvais quand l'on songe que ces trois équipages découvrent l'épreuve ! La Jaguar d'Ilya Kashin pointe au 14e rang du général, à 1848 pts du leader. Karline Stala est 108e à 12.728 pts quand le Norvégien Henning Jorstad (Alpine Renault A110 A600 SX), habitué des podiums, n'est au soir de Valence que 164e à près de 22.000 pts du leader. La troisième Jaguar, celle de Leonid Golovanov est 188e, mais sans une pénalité de 5000 points, elle serait dans les 160.
"Je découvre tout, le rallye, la régularité, l'auto, la montagne ... sauf la neige et la glace évidemment !" explique avec un sourire la blonde Lituanienne. "Le parcours de concentration a été très dur, et nous avons eu la chance de passer avant que la route ne soit coupée dans la première épreuve. C'était génial que de terminer dans les délais, et bien sûr, je regrette que la ZR ait été annulée (l'équipage Stala/Thuis était 23e à l'arrivée sur le port et le duo Kashin/ Strokšs 11e avant que l'organisateur n'annule la ZR. NDLR) mais tout le Russo Baltic est au grand complet, et c'est fantastique pour une première participation avec ce bon résultat d'Ilya. Nos voitures remportent un grand succès auprès du public, c'est vraiment génial ! Maintenant, il faut arriver au bout, c'est loin d'être fini mais je suis vraiment très heureuse d'être ici !"

[ Parti 1er de Varsovie sous le drapeau de Bjorn Waldegaard,
Mauritz Lange est le dernier à renoncer ce mercredi au terme de la ZR5. Photo Patrycja Bednarek. ]

Dans les retraits du jour, on notera la Fiat 650 Coupé de Didier Lodewyckx qui a définitivement renoncé après ses ennuis mécaniques dès le départ de Reims. Malheureusement bien fragile la petite Fiat malgré tous les soins prodigués par son préparateur belge !
Le Norvégien Tom Berve n'a pu que constater que sa Volvo n'a pas aimé le flirt prononcé avec les arbres lors de la journée précédente (lire ici) et il a dû abdiquer sur soucis de direction. Le Norvégien Thorbjörn Bye, associé à Oddvar Moland sur une BMW 2002 Tii, n'épinglera pas cette année un nième bon résultat dans l'épreuve : il doit renoncer sur souci de cardan avant la ZR5, après avoir terminé 8e dans la ZR3.
Il y a peu de V8, qui plus est américains dans le RHMC. Les Suisses Claude Terrier et Philippe Gaillard n'ont pas pu amener leur Ford Mustang #94 au parc fermé de Valence : l'abandon a été entériné dès la ZR2. Dans le registre des abandons, on notera encore une année noire (après 2008 et 2009) pour les Norvégiens Thorbjörn Bye et Oddvar Moland : une violente sortie de route dans la ZR anéantit la capacité de l'auto à poursuivre sa route. Elle rejoint directement le camion-plateau qui ramènera les autos du Norvegian Drivers au pays.
La Renault 5 TS de Fabrice Durand et Luc Maillard-Lapchin rencontre un gros souci de routules, d'abord à l'avant gauche, puis à l'avant droit. La première est changée à Digne par l'assistance dans un garage Renault. La seconde sera changée à Valence le soir, mais pour économiser l'auto, l'équipage n'accomplit pas les ZR et écope en conséquence de 100.000 points de pénalité.

Pour l'anecdote, on notera que l'organisation et les commissaires ont déjà administré plus de 2 millions de points de pénalités au soir de cette première étape : exactement 2.086.500 !!! Le dossard rouge étant pour le moment détenu par l'équipage de la Toyota Celica 1600 GT # 97, les Japonais Noboru Matsunami et Osam Morikawa qui ont écopé de 140.000 points de pénalités pour cause de nombreuses épreuves de régularité non effectuées. La Dyane Citroën partie de Reims n'a pas fait moins bien.

[ Knut Hallan et Tore Fredriksen en sont à leur 4ème Monte-Carlo avec cette Austin-Healy 3000 de 1959. Ils sont 46e au terme de l'étape. ]

[ Avant l'entrée au parc fermé, vérification de l'état des plaquettes sur la Posche 911S de Tore Johannessen, 111e au général. ]

[ Première expérience pour le Polonais Piotr Bany. Et pourtant 60e à l'issue de la première étape avec cette Zastava 1100P. Photo P.Bednarek. ]

Pour conclure, une dernière vidéo réalisée par un amateur dans le col de l'Echarasson (ZR5) :

 
MCH2012 par DCNI_80_webtv

[ Renault Historique a engagé 3 R5 Alpine aux couleurs Calberson dans le rallye. Cette estafette Renault est aussi sortie du musée
pour accueillir les concurrents à l'entrée du parc fermé de Valence. Photo Alexis Stefanopoulos. ]

Thierry Birrer - 2 février 2012