== Parcours de concentration et ZR1 sous la neige : du grand Monte Carlo !

Les conditions de départ sont variées pour les concurrents au départ de cette quinzième édition historique. A Glasgow, des bourrasques de pluie les accompagnent, un temps typiquement britannique. En réalité, les autos partent de Clydebank, 15 km au nord-ouest de Glasgow. Ce qui explique pourquoi le nom Clydebank figure à côté du bandeau Glasgow sur toutes les autos parties de cette ville départ.
A Oslo et Varsovie, comme toujours en cette période de l'année, c'est un froid hivernal de -7° et une très légère couche de neige qui ponctue le départ des concurrents. A Reims, il fait -3° et quelques rares et fines parcelles blanches dans l'air, mais la neige est annoncée dès le CH de Langres en Haute Marne. A Turin, des bourrasques de neige ont fait leur apparition. Ceux qui ont choisi le parcours de concentration le plus court ne sont peut-être pas au bout de leur peine. Enfin, à Barcelone, la température y est à peine fraîche.

[ Cent pour cent esprit du rallye, avec cette fixation de plaque "à l'ancienne" pour ce concurrent norvégien. Photo Thierry Birrer. ]

Le parcours de concentration n'est jamais une balade de plaisir et chaque année des concurrents n'atteignent pas Monaco. Cette année, partie d'Oslo, c'est la Porsche 924 #134 des Norvégiens Tore Steen Berntsen et Lasse Donnestad Hansen qui doit renoncer sur problème mécanique. Encore plus rapidement, la Fiat 850 Coupé de Didier Lodewyckx et Pat Lambert est en panne à 160 km à peine du départ de Reims. La possibilité de briller au classement s'envole déjà en Haute-Marne. Début de rallye difficile pour la petite Fiat belge, d'autant que Pat Lambert a le bras en écharpe avant même le départ.
Pour les autres, tous les autres sans aucune exception, c'est la neige qui fait soudainement son apparition sur tout le Sud-Est de la France qui va redistribuer les cartes, en l'occurrence des pénalités qui s'abattent avec la même vigueur que les flocons. Dès le CH d'Annecy, près de la moitié des concurrents n'est pas dans les délais impartis. Et ça se complique encore plus par la suite. A Barcelonnette, c'est sur un tapis neigeux que les concurrents doivent avancer et sous une neige qui ne cesse de tomber. Déjà attardés, certains n'hésitent pas à couper au plus court, quitte à écoper d'une très lourde pénalité pour CH manquant sur la feuille de route. Mais ce qui compte, c'est d'abord rejoindre Monaco et éviter le hors-délais.

Sur son blog, Dominique Laroque (Alfa Roméo #64 partie de Reims) écrit : "On s'est arraché à fond sur le parcours avec Daniel, on était dans les temps avec simplement une minute de retard à Annecy puis 5' d'avance à Barcelonnette dans des conditions dantesques, bourrasques de neiges, on ne voyait plus la route. Pas le temps de faire une pause, on a fait deux fois le plein nous même sur le bord de la route, très contents d'être dans le rythme ce qui était loin d'être le cas pour la majorité des autres équipages !". Dans la descente vers Sospel, la Jaguar Type E des Lituaniens Agris Stanevics et Janis Kirkovalds a percuté le chasse-neige qui remontait à contresens et c'est l'abandon.

Cette vidéo prise par un amateur au CH de Sospel résume alors bien la situation :

Les chutes de neige sont si fortes que certains arbres plient sous le poids et au beau milieu de la ZR 1, c'est le blocage pour certains concurrents. Si chaînes, câble de démarreur, sangle de traction ou pelle sont bien dans les coffres, ce n'est pas le cas de la scie à bois. Assurément un accessoire à peut-être rajouter pour l'édition 2013 !

[ Photo de Tore Johanessen, Porsche 911T #118. ]

Pour l'Alfa-Roméo Guilia TI #64 de Dominique Larroque et Daniel Collet, ce n'est pas la neige qui arrête l'auto, mais une panne d'embrayage au troisième kilomètre de la ZR. Le rallye se termine là pour les deux français.

[ Photo Thierry Birrer. ]

Pour la Volvo 121#165 de Tom et Thomas Berve, c'est une sortie de route qui contrarie la progression de l'auto. Et c'est grâce à une dépanneuse que le concurrent pourra repartir. Mais cette mésaventure lui vaudra 20.000 points de pénalité. Certes, c'est cher payé, mais vu les difficultés rencontrées par beaucoup d'autres concurrents, les deux Norvégiens sont toujours en course.

[ Photo Team Berve. ]

[ Photo Team Berve. ]

[ Photo Team Berve. ]

A l'heure du bilan sur le port de Monaco ce lundi en fin d'après-midi, l'addition est lourde. Les arbres renversés par le poids de la neige dans la ZR font que seulement 178 concurrents sont dans les délais. Parmi ces rescapés, 13 d'entre eux ont écopés du maximum de pénalité, soit 20.000 points. Soixante-dix neuf autres concurrents ont écopé de plus de 10.000 points. L'organisation a enregistré 53 abandons. Et non des moindres, puisque l'Italien Sandro Munari (Lancia Fulvia HF), le Britannique Peter Barker (Austin Mini 850), l'Allemand Rolf Kienen (BMW 1800 TI), le Norvégien Ivar Moe (Saab 96) ou John Loveys (Allard P1) sont parmi la longue liste des retraits. Et il manque surtout à l'appel du parc fermé plus de 70 concurrents. Ceux qui voulaient un grand rallye historique sont servis ! Nous voilà revenus en 2006 quand la presque totalité des concurrents partis de Barcelone ont été hors délais avant même d'avoir rejoint le parc fermé du départ de Saint-Etienne.

[ La VW Golf GTI d'Eric Mallen et Franck Mettifiot. Photo PhotoClassic Racing. ]

Au classement de cette ZR, c'est la Porsche 911 Carrera RS des Autrichiens Hubert/Hegenbart qui fait le meilleur score avec 1955 points (un point équivaut à 1/10e de seconde de retard sur le temps imparti). Elle est suivie par le duo franco-belge Durand/Caro sur une Opel Kadett GTE à 527 points et des Norvégiens Johannessen/Frogner sur une Porsche 911T 2.2 à 958 points.
A noter que quatre anciens vainqueurs sont dans les 25 premiers : José Lareppe (Opel Kadett GTE), dixième, et Gian Maria Aghem (Lancia Fulvia HF), Monty Karlan (Porsche 911SC) et Mario Sala (Porsche 911) sont respectivement 21e, 22e et 23e. Le second de l'an passé, Henning Jorstad (Alpine Renault A110 1600) est quant à lui 66e. Mais à 6913 points déjà du premier. A moins d'un nouveau coup de théâtre du même genre (puisqu'il est prévu de la neige encore dans le Sud-Est pour le mercredi), la victoire finale devrait se décider entre les 15 premiers de cette ZR qui restera assurément dans toutes les mémoires.

Cette vidéo amateur montre bien qu'il fallait cette année savoir conduire sur la neige :

A 20h00, on est toujours sans nouvelles de 70 concurrents. Si l'on ajoute les 53 abandons enregistrés, le rallye a perdu plus du tiers de ses troupes au terme du parcours de concentration. Un beau contre argument pour tous ceux qui pensent que ce rallye est une promenade de voitures anciennes !
A 20h30, l'organisateur prend cependant la décision d'annuler la ZR (au motif des arbres tombés sur la route) et annule la totalité des pénalités distribuées aux CH de Barcelonnette, Annecy et Sospel. Et la liste des abandons passe sans explication de 53 à 35. Une bonne nouvelle pour les 18 repêchés. Mais l'Allard P1 a bien définitivement disparue de l'épreuve.

[ Après avoir édité deux classements différents (à 17h10 puis à 19h00), l'ACM annule tout à 20h30. ]

Comme toujours dans ce genre de décision, il y a les pour et les contre. Sur le blog du Alain Racing Team, il est écrit le mardi soir "Allez l’ACM, faites un beau geste, abandonner sur le port ne serait vraiment pas chic…"
Certes, il n'est jamais bien facile d'admettre que l'on doit renoncer dès les premières heures d'une épreuve qui dure six jours. Mais d'un autre côté, il est clairement stipulé dans le réglement que la compétition se déroule sur route ouverte. Aussi les conditions météo, fut-elles dantesques, la chute des arbres ou la présence d'un chasse-neige sur la route font partie des conditions d'une route ouverte. L'ACM n'a pas en 2006 réintégré les concurrents partis de Barcelone et parvenus hors-délais à Saint-Etienne (alors que c'était le préfet de région qui avait interdit toute circulation sur les routes – y compris pour les concurrents du RHMC –, en dehors des véhicules officiels de police et de santé), tout comme elle n'a pas annulé la ZR de Fontbelle perturbée par des autos de spectateurs et de média en travers (ce qui avait entraîné une refonte complète du classement général) ou la route d'accès à la ZR de l'Ardéche perturbée par un chasse-neige en 2009.
A moins de vouloir transformer ce rallye en procession à la queue leu leu de voitures anciennes, cette décision n'est, à mons avis, pas la bonne.
Fabrice Durand, le pilote de la Renault 5 TS partie de Turin écrira plus tard : "Tous les efforts de la veille ont donc été inutiles. Nous faisons des choix de voiture, de pneus, de ville de départ, de météorologie qui sont déterminants, et voilà que le parcours de concentration perd son aspect sélectif, qui aurait permis de perturber sérieusement la hiérarchie des cadors de la spécialité, qu'on retrouve aux avant-postes rapidement ..."

[ Pour la Porsche 924 Turbo de Berntsen/Hantsen, c'est la mécanique qui abdiquera sur le routier. ]

Thierry Birrer - 1 février 2012 (complété le 7/02/2012).