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Le portfolio - Hommes et machines - Tous les concurrents - Les tribulations d'un photographe dans le RHMC 2009.
12ème Rallye Historique de Monte-Carlo /
Les tribulations d'un photographe (suite)

Dimanche 1er février, troisième jour.

La nuit est entrecoupée de multiples réveils dus en partie à l'insonorisation défaillante de ce type d’hôtel, à d’inévitables troubles liés à la gastroentérite et à quelques rêves en étroite relation avec ma présence dans cette région, à savoir des cadrages ratés, un enneigement démesuré dans le col de l’Echarasson et le cauchemar de ma voiture au fossé. Des rêves pas très éloignés de la réalité puisqu’en 2007 des pneus usés jusqu’à la corde nous avaient obligés à chaîner précisément dans le col de l’Echarasson et qu’en 2008 des pneus neige qui n’en avaient que le nom nous avaient contraints à faire appel à une dépanneuse pour sortir d’un mauvais pas du côté de Sospel dans les Alpes Maritimes.
Je me réveille donc à 08h10 relativement reposé mais avec toujours un estomac bien en vrac. Je préfère donc ne rien avaler.

Valence est recouvert d’un fin brouillard. Il y a quelques gouttes de pluie sur la voiture. La température est de 4°. Afin de retrouver une meilleur forme et pour ne pas augmenter la fatigue, j’ai choisi de n’aller que dans la ZR5, celle qui emprunte les cols de Carri et de l’Echarasson puisque les informations que j’obtiens ne m’indiquent aucune chute de neige, ni même aucune présence de neige, entre Monaco et Valence. Un Echarasson sans neige, comment serait-ce possible ? Il ne me faut cependant pas désespérer trop vite dans la mesure où les concurrents n’arriveront que dans six heures dans cette partie du Vercors. L’an passé, lorsque nous avions entamé la montée du début du col de l’Echarasson, il n’y avait quasiment pas de neige. Deux heures après, c’était ambiance Sibérie avec d’impressionnantes chutes de neige. Je croise les doigts pour qu’il en soit de même cette année.

08h30. Le bulletin météorologique parle de neige sur la France avec un bulletin d’alerte orange dans 11 départements … mais pas dans la Drôme. Zut alors !
Sur la route qui mène à Saint-Nazaire en Royans, je croise deux sableuses alors que quelques gouttes de pluie humidifient à peine la chaussée. Il ne me semble nullement avoir neigé sur les hauteurs. Sur France Bleu Drôme Ardèche, pas de neige annoncée. C’est triste ça, un Monte-Carlo historique sans neige !
Plus je me rapproche du final de la ZR5 (cette année, les concurrents terminent sur Saint-Jean-en-Royans) et plus je me désole de ne pas voir de neige.

09h50. Ouf ! Quelques traces de neige à la fin du col de l’Echarasson. Comme je suis équipé de pneus route classique, je me gare pour aller voir à pied de quoi il retourne. J’ai pour habitude de ne jamais remonter une ZR. On ne sait jamais car certains concurrents utilisent des ouvreurs et certains de ces derniers ont parfois des conduites plus que sportive, c’est-à-dire limite dangereuse.
Certes, il y a de la neige, mais ce ne sont pas les magnifiques neiges de 2007 ou 2008. Le bulletin météorologique prévoit des pluies verglaçantes sur Grenoble pour l’après-midi. Il pourrait donc y avoir quelques flocons supplémentaires sur les hauteurs du Vercors.


Enfin de la neige ... Certes pas énormément. Il faudra s'en contenter !

10h12. J’ai poursuivi mon chemin jusqu’au col de Carri. La route est totalement dégagée. Par habitude, je sais que ce n’est pas la peine que j’aille plus loin. La seule neige de cette étape de classement (qui comporte quatre ZR) se trouve sur les quelques kilomètres du col de l’Echarasson. Ce sera donc là que je ferai mes photos aujourd’hui.
Quelques flocons volettent dans l’air. Impossible de savoir s’il s’agit du vent qui fait tomber la neige des arbres ou le début des perturbations prévues sur Grenoble l’après-midi. Je décide de monter les pneus neige. De toutes façons, je les ai acheté pour ça l’an passé et voilà 800 kilomètres que je les trimballe. Dix-neuf minutes plus tard, l’affaire est faite. Ce n’est pas encore un temps digne d’un relais FIA-GT, mais bon, dans le froid, tout seul et en rechargeant tout dans l’auto, je ne vais pas me plaindre. Cela fait moins de cinq minutes par roue et je n’ai pas d’écrou central !


Quoique lourd à transporter, le cric hydraulique est assurément fort pratique ! retour haut de page

12h10. A l’entrée du col de l’Echarasson, j’ai croisé des spectateurs venus de Touraine en camping-car. Ils sont venus me demander des renseignements sur le rallye. Nous avons discuté et échangé quelques propos sur la course autour d’un vin chaud durant une heure trente. Cette situation est vraiment typique de l’ambiance qui règne sur ce rallye : convivialité absolue. Chaque année, à chaque fois que je me suis arrêté pour prendre une photo d’ambiance avec des spectateurs, j’ai eu la proposition de partager leur repas. Une collation en général orientée autour de trois ingrédients : pastis, olives, jambon sec. Sauf que conduisant en permanence, il me faut être vigilant avec l’alcool. Je ne peux donc que refuser.

Je refuse un second vin chaud (et le partage du repas associé) et je m’en vais repérer le col et mes emplacements pour photographier.

12h25. J’atteins le sommet du col. Il n’est pas très dégagé, le chasse-neige ayant repoussé la neige sur les côtés. Je dois m’aménager un espace pour me garer et pouvoir repartir facilement. Je découvre que j’ai oublié un instrument fort utile dans ce cas de figure : la pelle. Bon, c’est à priori la seule chose que j’ai oublié cette année. Il y a du progrès. Chaque année, à mon retour, j’établis une liste de ce qu’il m’a manqué. Et l’année suivante, je ne sais plus où je l’ai rangée !
Je mange un sandwich et je bois un thé chaud. Le soleil perce à travers les nuages et il y a de plus en plus de trouées bleues. Cela me semble mal parti pour qu’il neige mais au moins, cela sera plus chouette sur les photos qu’un ciel bêtement grisâtre.
J’enfile les après-skis, une paire de chaussettes de laine supplémentaire et je pars repérer mes photos, cette fois dans la descente du col vers Saint-Jean-en Royans.

13h00. Le ciel est de plus en plus bleu, avec de moins en moins de nuages. Il faudrait quand même qu’il en reste quelques uns pour donner du relief aux photos ! D’un autre côté, je me console en me disant que si cela reste en l’état, cela va favoriser la prise de vue tardive puisque le dernier concurrent va passer ici vers les 20h15. retour haut de page

13h45. J’ai pelleté avec un spectateur durant près de trente minutes afin d'emménager un espace plus sécurisé pour nos deux autos. Le gars est venu avec son épouse et c’est son 36ème rallye de Monte-Carlo comme spectateur, du "vrai" rallye jusqu’en 1999 et du rallye historique depuis cette date. Un passionné ! Nous avons pu travailler grâce à deux pelles prêtées par d’autres spectateurs venus s’installer au sommet du col la veille au soir vers minuit. Encore plus passionnés ceux-là ! Et courageux aussi car ils ont déblayé un espace de près de 20 m² pour y placer leur camping-car. A mi-chemin dans le col, ce sont des Allemands qui ont planté leur camping-car et qui, munis de deux pelles, ont façonné un totem en neige de près de 1,70 mètre de haut. Ils sont venus d'Allemagne pour voir passer les 300 concurrents et seront le lendemain en Ardèche avant de rentrer en Allemagne. Encore de sacrés passionnés !

14h00. Changement radical de temps : le ciel est lourdement chargé de nuages gris. Adieu le soleil ! A une heure du passage du premier concurrent, il n’y a que six véhicules garés au sommet du col. C’est trois fois moins que l’an passé et pourtant nous sommes dimanche.

14h45. J’ai fait à pied les deux versants du col. Il n’y a pas grand monde. Où sont les centaines de spectateurs de l’an passé ? Il devrait y avoir foule, d’autant que c’est la seule ZR où il y ait de la neige de la journée. Peut-être les spectateurs ne se sont-ils pas déplacés parce que justement il n’y avait pas de neige annoncée ? Dans la descente du col, il y a moins de 50 personnes sur deux kilomètres alors que l’an passé, il y avait 50 personnes dans le premier virage. Les quelques spectateurs qui sont présents sont toujours aussi généreux. Il y a trois groupes dans le premier kilomètre de la descente et je dois fort poliment refuser autant de pastis ! Cela ne va pas être facile de cadrer si je bois autant …
Comme d’habitude, le premier concurrent est en avance sur l’horaire officiel. Le premier à passer, une Porsche 911S n’est pas là pour le classement final, mais juste pour le fun et sa propulsion est à l’équerre plus que de raison. Voilà un pilote qui se fait plaisir et qui fait aussi plaisir aux spectateurs présents ! retour haut de page

15h20. L'Alpine-Renault A110 #4 repasse une seconde fois ! Ce n'est pas un mirage dû au froid. Erik Comas, pour son plaisir et celui des spectateurs, fait un second passage dans le col de l'Echarasson. Il n'est pas là pour le classement, mais pour le fun. D'ailleurs il pointe déjà dans les tout derniers du classement général à cause des pénalités qu'il encaisse pour avance ou retard lors des contrôles horaires.

15h30. De façon incompréhensible, je viens à peine de faire 18 photos avec mon 350D équipé du 300 mm f2.8 et voilà déjà trois batteries dévorées. La dernière batterie m’a permis de faire quatre photos seulement ! J’ai vérifié mes batteries avant de partir puis à l’hôtel la nuit précédente. Tout était OK et là plus rien après à peine une demi-heure dehors et pas même vingt photos. Heureusement que je travaille avec trois boîtiers ! Je suis contrarié car je n’aime pas changer d’objectif en travaillant et du coup je n’ai plus que mon 17-55 mm et mon 50-200 mm. J'essaye de faire quelques filés à basse vitesse, mais même en fermant complétement, j'ai toujours beaucoup trop de lumière du fait de la réverbération sur la neige. Je me demande bien pourquoi les fabricants s'évertuent à faire des capteurs de plus en plus sensibles (jusqu'à 6400 ISO) et ne permettent pas encore aux boîtiers semi-pro ou pro d'avoir du 50 ou du 25 ISO. Les Kodachrome 25 et 64 ISO étaient des pellicules aux immenses qualités ... mais on n'en trouve plus. Et pour faire un filé au 1/10e sur une immensité blanche, ce serait quand même mieux que ce 100 ISO de base !

16h45. J’ai engrangé pas mal de photos après avoir quasiment changé de places toutes les 3 ou 4 prises de vues. Les batteries de mon 40D semblent atteintes du même mal bizarre que celle de mon 350D : j’ai consommé 3 batteries en une heure trente pour même pas 200 photos. C’est totalement incompréhensible et c’est la première fois que ça m’arrive. J’ai quasiment fait 600 photos la veille avec une seule batterie et là … mystère ! De surcroît, il fait beaucoup moins froid que lors du parcours de concentration. A ce rythme là, je ne vais même pas terminer la journée. Si je rajoute à cela que mes jambes ne me portent plus, que j’ai toujours des crampes d’estomac parfois terribles et que j’ai l’impression de cafouiller mes cadrages, je ne suis pas loin d’avoir le moral à zéro. retour haut de page

17h20. J’ai encore croisé un de ces photographes qui restent en place six heures durant en shootant toujours de la même façon chaque voiture qui passe. Je me demande bien comment ils font pour toujours prendre la même chose … sans compter que celui là photographie en rafale, trois ou quatre vues du même concurrent. Plus tard, de retour à mon bureau, je trouve sur le web le site d’un des photographes en question. Il propose effectivement 320 photos avec toujours le même cadrage du même virage. Il ne les vend même pas, ce qui est encore plus incompréhensible. En effet, si la photo et le rallye sont une passion (comment en serait-il autrement pour rester six heures au même endroit ?), pourquoi dans ce cas ne pas varier les cadrages et les situations ? J’ai du mal à comprendre.
Un de ces photographes a même placé une pancarte « Photo ». Pour indiquer au pilote qu’il peut faire une petite figure pour la photo ? Je ne saisis pas non plus très bien à quoi peut servir cette information.


Concurrent, souriez ! Vous êtes photographié !

18h05. La nuit est tombée et il commence à légèrement neiger. J’abandonne : j’ai trop mal au ventre et je ne sais plus comment photographier car le flash se réverbère sur les flocons. Et hormis des photos de face, je ne vois pas non plus comment photographier. Il doit rester environ une bonne centaine de concurrents à passer, je choisis de faire des photos sur le routier et au parc fermé de Valence.
Je repars au milieu des concurrents, juste derrière une Alfa Roméo, avec une certaine angoisse au ventre car la fin de la descente du col de l’Echarasson est assez étroite, avec des épingles et sans grande possibilité de se garer pour laisser passer un concurrent. Je n’ai non plus jamais conduit sur la neige avec des pneus neige. A priori, ça à l’air de bien tenir et j’arrive à suivre le tempo de l’Alfa, mais toujours avec l’œil rivé au rétroviseur avec l’angoisse de voir débouler un concurrent plus rapide. Fin du col, on rejoint une route dégagée qui conduit vers Saint-Jean-en-Royans. Je respire. retour haut de page

18h20. Quelques concurrents sont arrêtées à Saint-Jean en Royans pour ravitailler en essence. Je prends quelques clichés et complète moi-même mon réservoir. La Volvo #181 partie d’Oslo a un mal fou à redémarrer.
Quelques minutes plus tard, à Saint-Nazaire en Royans, c’est un peu la panique. La route est bloquée par des dizaines d’autos juste avant le CH. Par impératif horaire, les concurrents doivent jouer des coudes pour pointer à l’heure. Pour certains, c’est l’affolement. Ils doublent et remontent une file de voitures sur plusieurs centaines de mètres. Comme ça n’avance toujours pas, je fais comme eux pour atteindre le CH. Nouvelles photos d’ambiance. A priori, si la Mercedes #180, la Volvo #181 et l’Alfa-Roméo #182 n’avaient pas délibérément doublé alors que c’était interdit, ces voitures auraient pointé en retard.
J’ai moi-même souvenir du Monte-Carlo 1984 où sur le routier en arrivant à Chambéry au milieu d’un embouteillage monstre, nous avions dû prendre quelques largesses avec le Code de la Route pour éviter de pointer en retard. J’ai déjà lu sur des forums auto des personnes qui fustigent ce comportement, mais il faut avouer que ce n’est pas simple. Il y avait à Saint-Nazaire en Royans trop de curieux pour que certains concurrents ne soient pas obligés de contrevenir au Code de la Route pour pointer dans les délais.

19h30. Je suis arrivé à Valence. Rien à photographier sur la route qui mène à la ville étape : il fait nuit, les concurrents roulent assez vite et de surcroît la fin de l’étape emprunte la rocade de contournement de la ville. Je souhaite aller au parc fermé ou rentrent les concurrents, mais comme l’an passé, rien n’est organisé pour le stationnement des véhicules media et c’est impossible de garer. Aussi je me rends directement à l’Hôtel de France où se situe la salle de presse pour saluer le responsable. Par chance, je peux juste stationner devant. L’établissement est en travaux, il n’y a pas de réseau WiFi dans la salle de presse, mais le directeur (que je connais) met à ma disposition le réseau de l’hôtel dans le salon. Comme je suis parqué de façon correcte, je fais une premier sélection dans mes photos de l’après-midi. J’ai pris environ 400 photos. D’un premier tri, j’en élimine un quart. Je place la sélection sur mon serveur. J’en profite aussi pour recharger une des batteries de mon 350D. L’opération demande environ une heure et à mon hôtel, je n’ai pas trop envie de me réveiller toutes les 90 minutes pour changer la batterie en charge.
J’apprends que la photo prise à Beaune (des gaz d’échappements qui s’échappent des autos parties d’Oslo) a été retenue pour illustrer un article dans un journal norvégien le lendemain. La photo des spectateurs au départ de Reims est aussi publiée dans Nice-Matin. C’est toujours sympa de voir ses photos éditées dans des publications à grand tirage, surtout quand, comme en Norvège, c’est une photo un peu décalée qui est sélectionnée. retour haut de page

Il est déjà 22h10 quand je quitte l’Hôtel de France pour aller au parc fermé. Les derniers concurrents sont arrivés depuis près d’une demi-heure et le parc fermé est vraiment fermé, c’est-à-dire que je ne peux y accéder. Il y avait pour moi nature à réaliser des photos d’ambiance avec ces autos endormies et le parc désert, mais c’est impossible de négocier avec les vigiles. Comme il n’y a plus aucun responsable de l’ACM sur place, j’abandonne l’idée.
Au moment de partir rejoindre mon hôtel arrive un concurrent norvégien, la Volvo 242 #281. Evidemment, il ne peut pas plus que moi rentrer son auto dans le parc fermé. Je discute avec lui du pourquoi de son retard (il aurait dû arriver depuis une bonne heure). Il m’explique que dans les derniers lacets du col de l’Echarasson, les pluies verglaçantes avaient rendu la route très difficile. Il n’a rien pu faire quand sa voiture a glissé au fossé. Il me dit que trois autres concurrents sont dans le même cas. Sa voiture n'est pas abîmée mais il va écoper d'une pénalité de 20.000 points pour ZR non achevée (quand il est sorti de la ZR, le contrôle de l'ACM avait déjà plié bagage). Je joue les interprètes avec les vigiles (qui ne parlent pas un mot d’anglais), je fais une petite photo et je m’en repars vers mon hôtel car la nuit sera courte.

Avant d’aller me coucher, je m’arrête au Quick. On ne sert plus de milk-shake (j’ai un faible pour cette boisson) à 22h53 sous prétexte que l’établissement ferme à 23h00. « La machine est déjà arrêtée, il faut bien la nettoyer ! » m’indique l’employée. Je lui fait remarquer que ce n’est pas à 23h00 que l’on ne sert plus le client mais à 23h00 qu’elle monte dans sa voiture pour repartir et que donc il faudrait changer les horaires d’ouverture. Elle me dit qu’elle n’est pas payée pour travailler au-delà de 23h00. Je lui réponds : « C’est bien ce que je dis : changez les horaires pour 22h45 comme ça personne ne râlera ! ». Sa réponse en dit long sur les conditions de travail dans l’établissement : « C’est à mon patron qu’il faut le dire! ». Je laisse tomber le cahier de doléances pour ne pas perdre inutilement mon temps.
Pour cette nuit, c’est malheureusement encore l’hôtel Formule 1 de Bourg-lès-Valence qui m’hébergera. Une réservation tardive la semaine précédant le rallye fait que je n’ai rien trouvé d’autre. Enfin « m’hébergera », c’est que je pensais en me garant sur le parking à 23h10. Parce qu’à 23h15, je ne le pense plus trop ! L’automate à l’entrée reconnaît bien ma réservation mais refuse de me délivrer mon code d’entrée au motif qu’il ne lit pas ma carte. A chaque essai, ce brave automate, appareil au langage limité, ne sait que dire « Carte illisible ». Bien sûr, hôtel low cost signifie aussi « hôtel sans réception » passé une certaine heure. Donc là, pas de numéro à appeler, personne pour résoudre mon souci, pas de possibilité de payer autrement que par CB, donc pas d’accès à ma chambre. Ah, les limites du modernisme … À force de vouloir payer le moins possible, on n’a pas grand-chose non plus côté service !
Dans l’impossibilité de récupérer ma chambre, je cherche donc un autre hôtel. Je dois rapidement me rendre à l’évidence qu'il n'y a rien de disponible nulle part, pas même au Novotel. C’est bien sûr pile le moment où je souhaiterai disposer de toilettes. Une pizzeria en centre-ville accepte de me servir sur les coups de minuit et me confirme au moment de payer que ma carte est illisible. Ennuyeux ça parce que c’est bien la chose que je n’ai pas en double.
Face à l’échec de trouver une chambre, je décide de descendre sur Montélimar, ville où je dois de toutes façons passer le lendemain matin pour rejoindre la ZR7. retour haut de page

Lundi 2 février, quatrième jour.

00h35. Exténué de fatigue et fort contrarié, je stoppe sous une pluie battante sur la place de Saulces, une localité au bord de la RN7, à mi-chemin entre Valence et Montélimar. Les précipitations annoncées sont bien au rendez-vous mais il n’est toujours pas question de neige. Bien fâcheux aussi, car les photos sous la pluie, c’est bien ce que j’exècre le plus dans le domaine photographique !

05h45. Je me réveille après avoir quasiment dormi d’une traite ! Il pleut toujours de façon soutenue. Est-ce de la neige en Ardèche ?
Je bois un Coca et je repars. Je stoppe dans un relais routier pour avaler un petit-déjeuner et aussi avoir des infos sur les conditions météorologiques en Ardèche. Il n’est question que de pluie. Les toilettes du relais sont les bienvenues mais un nouveau souci se profile à l'horizon : mes batteries n'ont pas été rechargées et pour travailler toute la journée, ça ne va pas le faire ! Je n'ai pu recharger qu'une batterie en roulant, ce qui m'en donne 3 en état de fonctionner alors que j'en ai consommé 7 la veille.
Montélimar, Aubenas, Saint-Pierre de Colombier, la montée vers Burzet se fait sous une pluie importante. Je commence vraiment à angoisser : s’il pleut comme ça, ça ne va pas être au top pour les photos, même avec un parapluie ! Sur France Bleu Drôme-Ardéche, il est fait état de pluie en Ardèche et de neige en montagne. Mais l’Ardèche, ce sont des montagnes. Cela n’est pas très clair. Je m’arrête à nouveau pour un café-croissant à Pont-de-Labeaume. Je suis trempé pour le simple trajet de la voiture au café.
A 9 kilomètres du départ de la ZR du Burzet, j’ai du mal à imaginer cette pluie importante en neige.

08h00. J’arrive au village de Burzet. Il pleut beaucoup. Les montagnes sont dans les nuages mais de là à avoir de la neige … J’aimerai bien me refaire un petit déjeuner mais tout est fermé à Burzet. Evidemment puisque nous sommes lundi.
Sous une pluie violente, je stoppe « Au Petit Burzet » pour y prendre un café. Des commissaires de l’ACM ont dormi à l’hôtel attenant. La jeune femme au service au bar essaye de joindre la DDE pour avoir des renseignements sur l’état des routes. Elle est renvoyée vers un numéro du Conseil Général, ce dernier la renvoyant sur un autre numéro. Il faut vraiment avoir envie de savoir ce qui passe un peu plus haut dans les sucs  ! Après quelques minutes, elle a obtenu quelques informations précises. Il est question de neige à Lachamp-Raphaël, de formation probable de congères et de routes en cours de déneigement par le chasse-neige. Si c’est le cas, c’est bien. Les équipements spéciaux sont obligatoires. J’ai bien fait de monter les pneus neige hier car là, procéder au remplacement sous une telle pluie, c’est autre chose !
Sur Radio France Bleu Drôme-Ardèche, ils parlent maintenant de routes coupées autour de Lachamp-Raphaël. En moins d’une heure, les informations diffusées ont totalement changées ! Les commissaires de l’ACM disent qu’eux ne ferment pas la route. Ils partent pour installer le contrôle de départ et le contrôle à mi-parcours, du côté de Lachamp-Raphaël. Je repasse par la case toilettes (rien en s’améliore du côté de ma gastro…) et je pars à mon tour.


Il faut avoir de l'imagination pour voir de la neige quand il pleut de la sorte ! retour haut de page

09h00. J’ai perdu plus de vingt minutes à tourner autour de Burzet. Sans copilote, sous la pluie, difficile quand on est tout seul de tracer son chemin sur les petites routes de l’Ardèche. J’ai mal lu la carte et je me suis trompé de départementale. Heureusement que je suis en avance !
Je suis revenu sur la bonne route et je laisse derrière moi les commissaires de l’ACM qui installent le barnum de départ, à la sortie de Burzet.
Après avoir roulé 1500 m dans la ZR, je croise une fourgonnette des Eaux et Forêts couverte de neige. C’est encourageant !
Quelques kilomètres plus loin, à Péreyres, de la neige fondue se mêle à la pluie et il y a déjà deux centimètres de bouillasse, mélange d’eau et de neige, sur la route. A la sortie de Péreyres et alors que la montée n’a pas commencé, la couche de neige augmente rapidement sur la route et il n’y a bientôt plus que les traces sur la route des voitures qui me précèdent. Il n’y a presque plus de pluie dans la neige qui tombe.
Deux kilomètres après Péreyres, la neige est bien au rendez-vous. Je découvre l’efficacité des pneus neige dans une couche de 3 ou 4 centimètres d’épaisseur. C’est un véritable plaisir : l’auto semble sur des rails, à tel point que je roule dans la neige fraîche plutôt que dans les traces.


En quelques minutes, et sans vraiment prendre de l'altitude, les conditions de route ont totalement changé. retour haut de page

Evidemment, avec tout ça, la fatigue est oubliée et le moral est au beau fixe : un paysage de neige, de la neige sur la route et il continue de neiger. Cela va donner des photos comme l’an passé dans l’Echarasson ou en 2006 dans le col de Fontbelle : du pur plaisir !

09h18. Je dois stopper derrière deux autos bloquées dans une ligne droite. Les gars disent que ça ne passe pas. Je suis étonné dans la mesure où je suis arrivé derrière eux sans aucun souci. Les deux véhicules font demi-tour, dont un 4x4, et en me croisant me disent que ça ne passe pas. J’en déduis que son conducteur ne doit pas savoir enclencher les quatre roues motrices. Je poursuis ma route.


Bloqué avec un 4x4… Bien la peine d’avoir ce type de véhicule ! retour haut de page

A peine ai-je redémarré que je vois débouler dans mon rétroviseur deux Subaru WRX, qui entreprennent de me dépasser sans lever le pied. Je m’écarte pour les laisser passer. Evidemment, des Subaru, je ne peux que m’incliner avec ma Corsa 1.2i … Mais là, surprise, la première des deux Subaru vient se planter à gauche et coince la seconde. Le gars essaye de s’en sortir, part en travers et se replante. Je dois m’arrêter, puis reculer un peu pour le laisser reprendre sa route, ce qui ne se fait pas aisément. La seconde Subaru préfère abdiquer et fait demi-tour.


Parfois, il ne vaut mieux pas jouer les matadors : blo-qué ! retour haut de page

Avec difficulté, la première auto repart mais quelques centaines de mètres plus loin, elle reste plantée ! Le gars ne sait visiblement pas s’en sortir, je vais le voir, il me dit que ça ne passe pas. Disons plutôt que lui ne passe pas. Il essaye plusieurs fois, les minutes passent. Un gars descend à pied pour dire que plus haut d’autres autos sont bloquées. Le conducteur de la Subaru n’arrive pas à faire demi-tour sur place et je dois reculer sur plus de 300 mètres pour lui permettre de me dépasser car il ne veut plus sortir de la trace. Je suis en train de revivre l’épisode du col de Fontbelle en 2006 où un véhicule media italien et une autre auto ont bloqué les premiers concurrents, entraînant un chamboulement du classement général.

Photo de D.Paris éditée par l'Action Automobile et Touristique de mars 1968
Eh oui, 4 roues motrices et autant de pneus neige, mais on reste planté ! La honte ... retour haut de page

Ouf ! Les deux Subaru ont disparu et je peux poursuivre ma route. Je passe sans encombre là où il est resté planté. Je ne comprends pas bien comment il a fait son compte et j’aurai bien aimé avoir son auto pour poursuivre mon reportage.
Décidément, chaque année, j’ai quelque anecdote avec les Subaru sur ce rallye. En 2007, le conducteur d’une auto analogue pensait que mon Zafira TDi était préparé, compte tenu de ses performances sur la neige (!). En 2008, bis repetita, avec un autre conducteur de Subaru qui ne comprenait pas comme sur la neige glacée, une Peugeot 307 pouvait être plus efficace qu’une Subaru. Il en est de l'auto comme de la photo : ce n'est pas parce qu'on possède un appareil photo que l'on sait photographier !

Il neige moins, tout est vraiment blanc, ça promet pour les photos !
Quelques centaines de mètres plus loin, je tombe derrière trois autos plantées dans un virage : un 4x4 belge qui ne sait pas avancer (ni même se garer), un italien avec une BMW et … le véhicule de l’ACM qui est en train de chaîner ! Bon, certes, il y a de la neige mais pas au point de rester planté comme ça ou de chaîner.


Ça commence à prendre mauvaise tournure, cette histoire … retour haut de page

J’essaye de passer mais le 4x4 belge ne veut pas se garer. Et ne veut pas non plus filer son volant pour que je le gare et que je puisse passer. Ce qui m’inquiète, c’est qu’au rythme où vont les choses, ce sont les concurrents qui vont arriver !
La BMW et le 4x4 disent que ça ne passe pas, les gars de l’ACM n'ont pas l’air franchement à leur aise quand arrivent derrière moi le préposé d’EDF avec sa camionnette … deux roues motrices et un autre gars avec un petit 4x4 Suzuki. Là, ça me rassure parce que voilà quelques minutes que j’essaye d’expliquer que ça monte sans souci et de voir arriver ce gars avec sa camionnette Express Renault dix ans plus vieille que les autres autos, ça me fait largement sourire. Ce n’est pas la hauteur de neige qui est en cause mais bien le comportement des conducteurs !
Au départ, le conducteur du Suzuki est assez agressif à mon égard et me demande ce que je fais là, que je bloque la route, que si le docteur doit monter il ne pourra pas passer et ainsi de suite. Je ne comprends pas pourquoi il s’en prend à moi, je me mets un peu en colère, il finit par comprendre que si je suis arrêté, c’est à cause des trois autos qui sont devant moi et il entreprends de faire dégager la route. Mais le conducteur de la BMW s’enferre un peu plus à chaque coup d’accélérateur, les commissaires de l’ACM semblent découvrir le maniement des chaînes et le conducteur du 4x4 belge ne sait pas s’en servir.
C’est à ce moment que reviennent dans l’autre sens deux véhicules de l’ACM, dont un 4x4, ceux-là avec qui j'ai pris un café un peu plus tôt dans la matinée à Burzet. Il paraît que ça ne passe pas. La décision est prise d’annuler la ZR. J’essaye d’avoir des renseignements. Il paraît que le 4x4 de l’ACM a dû mettre les chaînes. Je suis un peu perplexe car nous sommes presque au sommet. Il y a une heure à peine ça passait. Et si ceux qui ont fait demi-tour sont aussi "bons" que ceux qui sont plantés dans ce virage ? Non, la ZR est bien annulée. Et merde ! Il me faut contourner la montagne pour aller de l’autre côté et rejoindre la ZR suivante. La matinée est largement foutue ! Je suis catastrophé. Ce magnifique terrain de jeu photographique est donc perdu pour le Monte-Carlo historique 2009.


Rassurant de voir cette vieille Express Renault parvenir ici sans encombres. Mais lui n'est pas commissaire ... retour haut de page

Très largement énervé et contrarié, je repars donc immédiatement dans l’autre sens. La route est longue pour contourner la montagne et atteindre la ZR suivante, qui, j’imagine doit aussi être sous la neige. Onze kilomètres d’abord sur la neige pour rejoindre Burzet, menés tambour battant. Merci les pneus neige ! Je m’arrête pour faire une photo des commissaires qui démontent le point stop de départ de la ZR. Pour eux la journée est terminée. Ils s’installeront le lendemain dans la ZR 10. Puis 17 kilomètres sous la pluie pour rejoindre Antraigues-sur-Volane, lieu de passage des concurrents au sortir de la ZR précédente. Là, je roule à l’économie pour ne pas flinguer mes pneus neige.

10h38. J'arrive à Antraigues. Les concurrents doivent rejoindre le CH de Saint-Agrève, puis le départ de la ZR de Saint-Bonnet-le-Froid, 72 kilomètres plus loin. Environ 45 autos sont passées devant moi, j’ai donc 70 kilomètres pour rattraper 45 minutes. S’il y a de la neige, ça le fera. Dans le cas contraire, ce sera mission impossible. Pour l’instant, à Antraigues, il pleut.

La douzaine de kilomètres dans la vallée de la Volane se fait sous la pluie : ce sont les concurrents qui me dépassent. Puis petit à petit, la montée sur Mézilhac se fait sur la neige. Puis dans le brouillard.
Stupeur dans la montée : mon moteur ne prend plus les tours ! Quelque soit le rapport, le moteur n’a plus de puissance et finit par caler. Je dois immédiatement me coller contre un mur de neige et laisser passer les trois concurrents norvégiens qui me suivent. Mais je suis arrêté dans un virage, dans le brouillard, sur une route étroite à un endroit où de surcroît c’est difficile de doubler. Cerise sur le gâteau : je n’ai pas de réseau SFR. Il y a dans la vie des moments de grande solitude. Celui-là en est assurément un.
J’essaye de redémarrer. Le moteur se lance mais ne prend pas les tours, comme s’il était noyé. J’essaye plusieurs fois, mais rien. Au bout de quelques minutes, le moteur repart normalement, j’arrive à repartir derrière un concurrent, mais 500 mètres plus loin, même mauvais gag : plus de régime moteur, le moteur cale. Je me retrouve à devoir stopper, avec un brouillard encore plus dense. Et toujours sans réseau SFR.
Le redémarrage est laborieux. J’arrive à repartir et à atteindre le col de Mézilhac. Deux trois maisons, une trentaine de spectateurs, je choisis de faire immédiatement demi-tour pour redescendre en roue libre jusqu’à Antraigues. Au moment d’accomplir mon demi-tour, mon moteur perd à nouveau sa puissance et je me vois bloqué en plein milieu de la route alors qu’arrive une Berlinette Alpine. La légère déclivité permet à l’auto de terminer son demi-tour et le moteur repart comme si de rien n’était. Je reste bloqué deux minutes derrière un chasse-neige qui n’arrive pas à reculer, mais le moteur ronronne parfaitement. Je reste dubitatif. Poussière dans le carburateur ? Si c’est le cas, rien ne me dit qu’elle ne reviendra pas et qu’elle ne bloquera pas définitivement l’arrivée d’essence. Incapable de me dépanner moi-même, je choisis de redescendre vers Antraigues où je pourrais peut-être trouver un garagiste. Très inquiet, je repars dans la vallée de la Volane en faisant très attention à ne pas me retrouver en mauvaise posture sur la neige. Mais rien à redire. Je n’y comprends rien. Le moteur tourne parfaitement.

11h20. Je m’arrête à Laviolle, une dizaine de kilomètres avant Antraigues. En moins de douze heures, je viens d’avoir trois soucis majeurs : la CB qui ne coopère plus, la ZR annulée et le moteur qui fait des siennes. Il n’est pas possible que la matinée se termine comme ça ! J’essaye de trouver un coin pour faire quelques photos des concurrents, histoire d’avoir au moins quelques clichés de cette journée. Les lacets de Laviolle se prêtent bien à quelques cadrages sympas, mais au bout de cinq minutes, les cataractes du ciel se déversent à nouveau. Ayant perdu un 350D dans un orage à Béthune en 2005, j’avoue que la pluie a tendance a vite me faire rebrousser chemin. Cela en est trop pour mon moral : j’abdique et remonte en voiture pour rejoindre le CP d’Antraigues.

11h33. Je rejoins le CP sans aucun souci du côté du moteur. Depuis que je suis reparti de Mézilhac, RAS.

11h50. Je repars d’Antraigues où j’ai pu faire quelques photos à La Remise, un haut lieu du Monte-Carlo depuis les années 70. Quoique mon moteur n’ait plus donné aucun signe de faiblesse depuis presque une heure, je préfère rejoindre Aubenas ou Valence pour faire examiner mon véhicule. Je ne veux pas tenter le diable. D’autant que chaque année, il y a un souci avec l’auto. En 2006, ce furent des plaquettes usées jusqu’à la corde qui ont endommagé les disques de frein. Puis en 2007, une coque vrillée et un goujon de roue cassé qui ont obligé de changer de véhicule en repartant de Monaco. Et enfin en 2008, un accrochage avec un spectateur dans le Jura, puis un problème de pneus neige défectueux avec le véhicule de remplacement qui ont nécessité un dépannage. Pour 2009, si je pouvais éviter le dépanneur, ça ne serait pas mal. C’est donc à contrecœur que j’abandonne l’Ardèche.


Voilà un affichage que j'aurai préféré ne jamais rencontrer ! retour haut de page

Sans aucune alerte du côté du moteur, je rejoins dans un premier temps Vals-les-Bains puis Aubenas. Mais entre 12 et 14 heures tout est fermé. J’achète de quoi manger à Vals-les-Bains et le commerçant me confirme que ma CB est bien illisible. Impossible de téléphoner à ma banque : elle est fermée le lundi.
J’hésite un instant à repartir vers Saint-Bonnet-le-Froid, mais le temps d’y arriver, je ne serai qu’avec les derniers concurrents. La mort dans l’âme, je vais donc à Valence.

13h55. Je fais le plein à Valence et profite d’une station Feu Vert pour exposer mon souci mécanique. Mon interlocuteur ne sait quoi me dire et me propose d’ausculter le moteur en faisant une vidange. Je ne vois pas bien le rapport, mais comme de surcroît, il faut que je patiente jusqu’à 15h30, je me mets à la recherche d’un garage Opel. En redémarrant du Feu Vert, mon moteur semble présenter les mêmes symptômes que deux heures plus tôt. C’est à n’y rien comprendre !
Il n’y a qu’un seul concessionnaire Opel à Valence. Il me dit que ça peut venir du carburateur et me propose d’amener mon auto le lendemain. Je ne suis pas plus avancé. Je passe par une agence du Crédit Agricole qui me confirme que la puce de ma Mastercard n’est plus lisible. Je ne peux donc plus m’en servir, ni même retirer d’argent ! Comme la banque est organisée en caisses régionales, je ne peux même aucunement être aidé par le Crédit Agricole Sud Rhône-Alpes qui n’a aucune communication avec son homologue du Nord-Est. Sans compter que mon agence est fermée. J’ai certes un contrat d’assistance qui pourrait me dépanner dans un tel cas de figure mais l’association de problèmes (auto + Mastercard) ajoutée à des troubles gastriques absolument pas résorbés me poussent à inscrire le mot « fin » sur ce reportage.

15h00. Je m’arrête chez McDonald’s pour recharger mon téléphone mobile. J’ai dû en changer avant le départ et SFR n’avait pas de chargeur sur allume-cigare disponible. N’étant pas passé par un hôtel la veille, je n’ai donc pu le recharger. Et entreprendre un voyage de 700 bornes sans GSM ne me semble pas la meilleure chose à faire, surtout en prenant en considération les vents contraires que je rencontre depuis quelques jours.
Je veux aussi profiter du réseau WiFi pour adresser quelques photos, car malgré le très petit nombre de photos que j’ai pu faire dans la matinée il y a quelques petites choses sympathiques. Mais mon ordinateur ne détecte pas le réseau. Un autre client est dans le même cas que moi. L’employée nous dit que normalement ça fonctionne. Au troisième redémarrage de mon ordinateur, la batterie affiche directement 2% d’autonomie et l’ordi coupe. A ce rythme-là, je me dis que la journée va encore être longue. Au quatrième redémarrage, toujours pas de réseau WiFi. Bon…, au moins, il reste les toilettes (la gastro n’est pas terminée !). Mais il n’y a plus de papier toilette ! Au secours ! Je me demande qu’elle mauvaise fée se penche sur ma journée. Heureusement, McDo ne contrôle pas le nombre de serviettes prises au libre-service. Quoiqu’il y ait la mention : « Une serviette de trop, c’est un déchet en plus ! ». Dans le cas présent, je verrai plutôt : « Un rouleau en moins, c’est un souci en plus ! ».
Un peu cynique et désirant sûrement partager mon malheur avec mon prochain, je n’avertis pas l’employée du défaut de papier toilette. Après tout, elle me dit que le réseau WiFi fonctionne et ce n’est pas le cas. Elle avoue cependant « ne rien y connaître » …

15h40. J’estime avoir suffisamment rechargé mon mobile. Je quitte Valence et ce 12ème RHMC par la petite porte, fort contrarié et dépité. J’ai horreur d’abandonner, mais là, face à tant d’adversité, je pense qu’il est vain de lutter. La pluie m'accompagne et la météo annonce une alerte de niveau orange (verglas et neige) dans les zones que je vais traverser après Lyon.

17h20. Le moteur présente les mêmes signes d’essoufflement et de perte de puissance dans le contournement de Villefranche-sur-Saône. Après 30 secondes, la voiture repart normalement. Cela me conforte un peu dans mon idée de rentrer car j’avoue qu’au fil des kilomètres, rien ne m'ayant alerté, je finissais par penser que j’avais peut être agi avec précipitation en rebroussant chemin de la sorte.

00h47. Je stoppe à Le Gault-Soigny, entre Sézanne et Montmirail. Je ne compte plus les arrêts à la recherche de toilettes. Le moteur a parfaitement fonctionné plusieurs heures durant. La pluie a cessé. Le Burzet est à 685 kms. Je suis toujours en colère contre ces trois abrutis qui ont été incapables de rouler dans dix centimètres de neige.

02h00. J’arrive chez moi. J’adresse un mail à mes clients pour expliquer qu’un problème mécanique m’a condamné à ne pouvoir suivre les deux dernières étapes du rallye. Mes photos sont déjà en ligne sur le site de l’ACM et … ce sont les seules. C’est étonnant ça. Nous sommes plusieurs photographes « officiels » et je suis le seul à avoir déjà transmis des photos, alors que je suis un de ceux qui est le moins présent derrière son ordinateur durant ces quelques jours. D’un autre côté, tant mieux. Cela me fait un peu de pub. retour haut de page

 

Conclusion

En conclusion, je retiens de cette quatrième épreuve couverte de cette façon que la condition physique est essentielle dans ce genre de reportage. Quant à partir seul : je savais que c’était une ânerie. J’en ai eu la confirmation.
J’ai fait trois fois moins de photos que les années précédentes et pour cause puisque j’ai été trois fois moins présent sur le terrain. Heureusement, malgré les contrariétés et incidents, la qualité est relativement présente, à défaut de la quantité. Mais pour ce qui est des photos de nuit, il va falloir encore trouver des solutions. J’ai quelques épreuves de 24 heures inscrites à mon calendrier 2009 : j’ai donc la possibilité d’apporter des réponses d’ici la 13ème édition ... que j’espère bien suivre au départ de Copenhague.
Suivre ce rallye, c’est une aventure magnifique que j’ai la chance de vivre depuis maintenant quatre ans. Une aventure faite de sensations, de joies, de rencontres, le tout dans des paysages magnifiques avec des autos qui font partie de la légende automobile. Que demander de plus, quand de surcroît il me reste un album photographique pour me replonger dedans quand le moral est en berne ?


Le Gault-Soigny, la dernière photo de ce reportage ... F2,8 - 23 mm - 1/6e - 800 ISO retour haut de page

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